Les Comptes de la santé 2021 confirment les analyses de la Fnim

La Drees vient de publier les Comptes de la Santé 2021, document qui servira de base aux lois de financement, dont la lecture confirme :

  • L’existence d’un effet report de la dépense médicale de 2020 vers 2021
  • L’augmentation de la part prise par les organismes complémentaires, après le coup de frein de 2020 occasionné par le prise en charge, dans l’urgence et sans concertation, de certaines dépenses par l’Assurance Maladie.

Faits et données

Le rebond de l’activité médicale après son affaissement en 2020, mais aussi l’intensification de la campagne de dépistage et le déploiement de la vaccination contre le Covid-19 expliquent une progression importante du volume total des dépenses de santé en 2021 (+9,8% selon la norme internationale), alors que 2020 avait vu ce taux maîtrisé à +3,7 %.

Dans ce document, on apprend que la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) par habitant s’élève à 3350 euros et représente 9,1 % du PIB. Les dépenses totales (intégrant les dépenses de prévention et de gestion) représentent, en 2021, quelque 12,3 % du PIB, ce qui place notre pays au 3eme rang au sein de l’OCD
E, après les Etats-Unis et l’Allemagne.

En France, en 2021, l’ensemble des secteurs de soins contribuent à la croissance de la CSBM. Y figurent notamment les soins hospitaliers de par leur poids mais aussi les trois secteurs concernés par la réforme du 100 % santé : les prothèses dentaires, les audioprothèses et l’optique médicale.

Ces dernières dépenses sont en effet très dynamiques en 2021, après un repli en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire.

Les soins de dentistes augmentent ainsi de 22,5 %, portés par la consommation de prothèses du panier 100 % santé, en hausse de près de 40 % en 2021. La consommation d’audioprothèses augmente de 60,0 % en 2021. La consommation d’optique médicale progresse également fortement en 2021 (+15,8 %), malgré un effet d’entraînement plus faible du 100 % santé que pour les prothèses dentaires et les audioprothèses.

La crise sanitaire a entraîné une recomposition importante de la structure de consommation et de financement des soins et biens médicaux en 2020. En effet, la prise en charge par l’Assurance maladie des dépenses exceptionnelles liées à la crise sanitaire s’était traduite par une hausse de sa participation au financement de la CSBM de 1,7 point entre 2019 et 2020 (près de 80 % de la dépense totale). En 2021, cette part financée par la Sécurité sociale est quasiment stable.

Confirmation de la Drees : la fin de certaines mesures exceptionnelles mises en œuvre dans le cadre de l’urgence sanitaire et la reprise des consultations et des soins ont entrainé un rééquilibrage des dépenses entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires, mais cet effet a été compensé par le transfert des dépenses de la complémentaire santé solidaire (CSS) de l’État vers la Sécurité sociale. 

Conséquences : le financement direct par l’État devient résiduel, alors que la part des organismes complémentaires augmente de 0,6 point en 2021, à 12,9 %, sous l’effet de l’essor du 100 % santé et de la reprise d’activité, notamment des soins délivrés en ville.

Analyse

Si, comme l’indique la Drees, le niveau d’intervention des organismes complémentaires n’a pas encore rattrapé son niveau antérieur à la crise sanitaire (13,5 %), il n’en est pas moins en forte progression, malgré les affirmations répétées des pouvoirs publics.

Cette part accrue vient se conjuguer avec une forte progression du volume global des dépenses, occasionnée par l’effet de rattrapage que nous annoncions et la montée en charge du 100% Santé.

Cela vient confirmer les éléments provenant de nos services d’actuariat : la ligne de charges techniques de nos organismes est sur une pente très ascendante, ce qui rend difficile d’imaginer échapper à une hausse des cotisations.