LA FNIM EST D’ATTAQUE !

Une page s’est tournée à la FNIM, où l’emblématique président Philippe MIXE a laissé la place à Pierre-Edouard MAGNAN...

LA FNIM EST D’ATTAQUE !

Une page s’est tournée à la FNIM, où l’emblématique président Philippe MIXE a laissé la place à Pierre-Edouard MAGNAN. Du sang neuf certes, mais le fond des combats reste le même. Quant à la forme, on retrouve chez le nouveau président de la FNIM le même penchant naturel aux formules missiles et au sens de la punch line.

Les hommes changent mais l’énergie du combat et de la défense du modèle mutualiste reste les mêmes à la FNIM. Le 1er janvier dernier, Pierre-Edouard MAGNAN, président de la mutuelle UDT et trésorier-adjoint de la fédération, a pris la succession d’un Philippe MIXE qui avait choisi de ne pas se représenter après treize années à la tête de la fédération. « Je ne suis pas le candidat de la rupture. Un nouveau cycle s’annonce mais celui-ci va s’exercer et se fonder sur le travail accompli ces dernières années », a promis Pierre-Edouard MAGNAN en préambule de la présentation de sa feuille de route à la presse. Sans trop de surprise, elle tient en trois grandes lignes : défendre et promouvoir le modèle mutualiste, renforcer et développer les services mutualisés au sein de la fédération, et amplifier les mécanismes de solidarité entre les membres de la FNIM. « Les mutualistes adorent prêcher le collectif à leurs adhérents, ils ont parfois un peu plus de mal à se le prêcher à eux-mêmes entre mutuelles et personnes morales », a rappelé Pierre-Edouard MAGNAN. Du côté des combats, le président de la fédération des mutuelles de proximité a rappelé la poursuite des batailles réglementaires. Et notamment celui pour le relèvement des seuils de Solvabilité II. « J’ai la chance de bien connaître une mutuelle qui vient de repasser sous Solvabilité 1, on peut parler de libération », illustre Pierre-Edouard MAGNAN avant d’évoquer les maux de têtes des directives européennes DORA, sur la résilience opérationnelle informatique des acteurs des services financiers, et CSRD sur le reporting non-financier. « DORA, c’est une sorte de RGPD puissance 10. Et quand on sait que la France a l’interprétation la plus extrémiste du RGPD, on peut craindre le pire avec cette directive », s’alarme-t-il. Quant à CSRD et ses 1 144 indicateurs, « nous sommes raccord avec l’actualité des agriculteurs et l’inflation des normes… Nous souhaitons arriver à supprimer un certain nombre d’indicateurs, car beaucoup de petites mutuelles vont avoir du mal à calibrer leur impact sur la pollution marine… », a-t-il ironisé. Dernier dossier réglementaire plus local, celui du « carcan » des contrats responsables qui pose de plus en plus question chez les OCAM. « Les contrats non-responsables reprennent des couleurs. Certaines mutuelles ne les ont pas abandonnés et d’autres commencent à y revenir. Cela voudrait dire que si on veut coller aux véritables besoins des adhérents et être dans une démarche innovante, il faut sortir du contrat responsable. C’est un sujet », a admis le président de la FNIM.

FNIMEX ou FNIM RÉ ?

La FNIM n’entend pas reste absente des évolutions programmées par la réforme de PSC de la fonction publique. Pour une raison simple : 10 % à 15 % des effectifs en individuel des mutuelles de la FNIM sont des fonctionnaires. « Nous serons présents dès cette année sur le volet santé des fonctions publiques hospitalières et territoriales », a prévenu Pierre-Edouard MAGNAN qui remet pour l’instant le volet prévoyance a plus tard. « C’est plus compliqué pour nous car la FNIM n’est pas encore dotée de son MUTEX, mais le sujet est sur la table. De toutes façons, l’environnement FNIM ne peut pas rester dépourvu d’une offre prévoyance complète et maîtrisée. Il faut le structurer et nous ne sommes fermés à aucun modèle pourvu qu’il reste à la main des mutuelles », a-t-il expliqué en évoquant également l’ambition fédérale d’offrir des solutions de réassurance à ses membres. « Nous avons des mutuelles qui se développement très fort et cela pose des questions de solvabilité. Je ne suis pas en train de vous dire que nous allons créer FNIM RÉ mais nous voulons être capables de proposer des solutions dont nous serons nous même les acteurs », a prévenu le président de la FNIM. En quête de reconnaissance au sein du monde de l’économie sociale et solidaire, la FNIM peut positionner ses mutuelles « de manière visible » en tant « qu’acteurs santé y compris sur les territoires ». « Nous sommes un acteur de l’économie sociale et solidaire mais au sein de la population, quand vous dites ESS, personne ne pense spontanément aux mutuelles. La mutualité a sa part de responsabilité. Pas tellement les mutuelles de la FNIM mais nous sommes obligés d’assumer ce qu’on fait tous les autres. Les mutualistes ont pendant longtemps tellement voulu passer pour des assureurs qu’ils ont réussis. Il faut revenir en arrière là-dessus », fait valoir un Pierre-Edouard MAGNAN qui espère très prochainement faire rentrer la FNIM à ESS FRANCE. Mais pas seulement. « Nous maintenons notre demande pour pouvoir rentrer au conseil d’administration de l’UNOCAM, de même que nous voulons être associé au CDOC. Il y a une dimension de reconnaissance pour la fédération et je veux, pour la FNIM, respect et considération ».

Vers des relations apaisées avec la FNMF

Respect et considération sont également les deux mots sur lesquels Pierre-Edouard MAGNAN souhaite baser ses relations et celles de la FNIM avec la MUTUALITÉ FRANÇAISE. Il a d’ailleurs eu l’occasion d’en discuter le 23 janvier dernier avec le président Éric CHENUT qu’il avait demandé à rencontrer. « Les rapports avec la FNMF n’ont pas toujours été simple mais il y a un certain nombre de sujets sur lesquels on ne peut pas être en désaccord. Je ne veux pas me retrouver dans la posture de devoir dire que le ciel est rouge si Éric CHENUT dit que le ciel est bleu. Ça ne m’intéresse pas », balaye Pierre-Edouard MAGNAN qui attend cependant des preuves d’amitiés à défaut d’amour. « La FNMF a eu par le passé une attitude peu amène à l’égard des mutuelles FNIM dans les chambres régionales de l’ESS. Ce sont des choses qui doivent cesser, de même que le blocage de notre adhésion à ESS FRANCE. J’attends également le soutien de la FNMF à notre entrée au sein du conseil d’administration à l’UNOCAM », expose le président de la FNIM. Mais selon lui, « il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas avoir des relations nationales franches et apaisées et, qu’à l’occasion, nous tirions dans le même sens sur certains sujets d’autant qu’Éric CHENUT a pris des positions qui me sonnent un peu mieux aux oreilles que certains de ses prédécesseurs ». Les deux présidents devraient bientôt se revoir pour discuter d’une mission d’information sur les mutuelles qui devrait prochainement s’ouvrir au Sénat.

A quoi sert UNALIS ?

Quelle attitude de la FNIM face à UNALIS, la nouvelle union de mutuelles impulsée par APICIL qui semble avoir un peu de vent en poupe ? « J’adore les gens qui se regroupent pour faire du collectif mais UNALIS me fait un peu penser à l’AG MUT d’APICIL… », a répliqué Pierre-Edouard MAGNAN sur le ton de plaisanterie. « C’est vrai que lorsque vous regardez les membres d’UNALIS, ils cochent toutes les cases pour être membres de la FNIM. Mais quel est l’objectif de déployer autant de moyens pour rassembler douze ou treize mutuelles qui discutent entre-elles ? Je n’ai fondamentalement pas encore compris le pourquoi d’UNALIS. Et des mutuelles de la FNIM qui ont été approchées par UNALIS se posent la même question », s’est-il plus sérieusement interrogé. Le président de la FNIM souhaite rencontrer le nouveau président d’UNALIS (il s’agit d’Alain PAYAN, président de TUTÉLAIRE) pour nouer contact : il pourra le lui demander. « Il représente un collectif de mutuelles, pour certaines des mutuelles amies avec qui nous avons fait des choses, et je pense qu’il y a des choses à faire avec UNALIS. Mais il faut que les buts de chacun soient clairs », avance-t-il.

Punch line

Un mot, pour finir, sur la hausse des cotisations santé qui, pour les mutuelles de la FNIM, devraient s’inscrire dans une hausse moyenne de 8 %, similaire aux chiffres données pour ses adhérents par la MUTUALITÉ FRANÇAISE. Et n’en déplaise à l’ancien ministre de la Santé Aurélien ROUSSEAU qui s’était étranglé sur cette évolution, elles sont parfaitement explicables « Si vous additionnez la mise en place puis la hausse de la fiscalité à la hausse des dépenses de santé, vous obtenez la hausse des cotisations depuis 15 ans », mathématise Pierre-Edouard MAGNAN avant de mettre les pouvoirs publics face à leurs responsabilités : « il y a des hausses de cotisations parce que l’État adore utiliser les mutuelles comme un percepteur pour dire après que nous sommes des bandits ». De la punch-line, on vous avait dit.

LCdB

Extrait du Pavé de l’Assurance - La Chronique de Louis-Christian - Le 24 janvier 2024
https://lepavedelassurance.fr/la-fnim-est-dattaque/