Quel avenir pour la santé et nos mutuelles une fois les élections passées ?

Comme l’enfer, l’avenir est pavé de bonnes intentions…

Doit-on être satisfait du sort fait à la santé dans cette campagne électorale ?
Je suis très loin de le penser. Aux premières semaines, qui laissaient penser à une véritable prise de conscience de l’enjeu que la santé représentait, a succédé une série de remèdes de perlimpinpin reprenant des ingrédients déjà connus. Et comme on pouvait le craindre, les complémentaires santé n’ont pas été épargnées.

N’ayons pas peur de le dire, sur ce terrain, nos candidats à la magistrature suprême ont su montrer leur méconnaissance profonde de ce que sont les complémentaires santé en général, et les mutuelles en particulier.

Passons sur la confusion que certains ont entretenue entre les termes « votre mutuelle » et « votre complémentaire santé », alors même que la protection, par le Code de la Mutualité du premier est renforcée par la réforme en cours (sic) ; sur la mention répétée des « compagnies » et des « assureurs » alors même que la Mutualité reste le principal opérateur, réussissant, presque par miracle, à préserver ses objectifs de solidarité et de non-lucrativité dans un monde marqué par la concurrence exacerbée et la volonté « de ne voir qu’une tête ».

Mais si nous avions pu seulement rester sur notre faim, cela serait encore le moindre mal. Malheureusement, ce qui émerge des débats, notamment les plus récents, ne fait qu’alimenter les craintes de nos responsables mutualistes. Et parmi eux, de ceux qui tentent de faire vivre une mutualité de proximité à taille humaine.

Même chez les plus libéraux de nos candidats, la tentation est grande de passer par les complémentaires santé pour répondre aux questions sans réponses des lacunes de l’offre de soins. Depuis des années, on nous parle de responsabiliser. Mais qui ? Le malade est-il responsable de son affection ? La mutuelle a-t-elle tort d’apporter sa protection à ses membres ? Le summum a été certainement atteint lorsque l’on a pu entendre, en matière de dentaire, d’optique et d’audioprothèse, que « les mutuelles régulent mal ». Est-ce à des organismes de droit privé, œuvrant dans le champ européen de la libre concurrence, que revient cette mission régalienne ? C’est très loin de la légitimité républicaine à laquelle aspirent nos candidats.

Des contrats illisibles, incompréhensibles, des frais de gestion (encore !) inacceptables, des profits immoraux… Tout y est passé ou presque. Par contre, rien sur la réalité des comptes, sur les missions historiques des mutuelles, sur leur implication de longue date dans la prévention (thème mis à toutes les sauces par les candidats), ou sur leur engagement dans un meilleur accompagnement santé par les œuvres et réalisations sociales.

Non, à chaque fois, toute notre activité a été réduite à celle d’institutions financières.

En oubliant que, pour les mutualistes, l’argent n’a qu’un seul objet : celui de répondre aux attentes du plus grand nombre.

Bref, de cette campagne naît une certitude : ceux qui pensent que les plus grands dangers sont derrière nous avec l’ANI ou les contrats (ir)responsables se trompent. Il faut en être conscient.

Philippe Mixe
Président

11 mai 2017