Philippe MIXE

Le mutualisme de proximité est une réponse aux attentes des Français

En cette fin d’année, notre pays a connu un épisode de tensions illustrant à la fois la volonté de beaucoup de pouvoir agir sur les destins collectifs, et une demande forte de réponses concrètes, compréhensibles et proches des attentes des citoyens. Surtout, ce mouvement a exprimé le rejet d’une société dans laquelle un pouvoir, fut-il issu des urnes, décide du devenir de la population sans s’assurer que les décisions prises soient en adéquation avec leurs attentes.

À l’analyse, ces préoccupations rejoignent celles de notre Fédération qui refuse de voir programmée la mise à mort des mutuelles indépendantes, attachées aux liens de proximité avec leurs adhérents. Le mutualisme a tout son sens dans une société moderne. Car c’est une construction qui se base sur le libre arbitre et la volonté de chacun d’agir dans un cadre collectif pour l’intérêt de tous.

Plus encore que les années précédentes, notre Baromètre vient nous le confirmer. L’enquête a été menée à l’automne et les résultats sont, sur certains aspects, en parfaite perspective de ces semaines difficiles. Ainsi, les Français reconnaissent une mission importante aux complémentaires santé, à savoir faciliter l’accès aux soins. Et dans un certain esprit : agir pour l’intérêt général. S’ils ont, on le sait, la fâcheuse habitude d’associer le mot mutuelle à cette couverture santé, sans trop percevoir les différences qui peuvent exister entre le mouvement mutualiste et le monde assurantiel, nos valeurs sont partagées. J’ai souvent eu l’occasion de mettre en avant l’extrême modernité du mutualisme, concept plus que centenaire parfaitement adapté aux attentes de la nouvelle société ou du nouveau monde. Notre étude, ainsi que le mouvement des gilets jaunes, vient le confirmer : les Français veulent pouvoir décider dans les domaines qui les concernent directement, et chaque jour.

La question est cependant posée de savoir ce que recouvre exactement le mutualisme, tant le terme peut être affaibli par les pratiques de certains. Le mutualisme, c’est agir ensemble dans un but commun. Ce n’est pas mettre en place une pâle copie d’un groupe d’assurances habillé par le principe de non lucrativité. C’est surtout, et avant tout, une forme d’organisation qui repose sur la volonté de chacun des adhérents. Et donc sur une proximité réelle avec ceux-ci.

Les Français en colère ont dit ne pas être entendus. Les mutualistes le sont-ils plus ? Pas dans les conglomérats me semble-t-il, ceux qui ont émergé ces dernières années au gré d’ententes de circonstance. La situation est sans nul doute meilleure dans nos mutuelles de proximité, attachées à conserver une taille humaine, animées par des élus de la base qui doivent faire face à une montagne de contraintes et de règlements bien souvent inappropriés car taillés pour des mastodontes. Il est vrai que ces derniers ayant perdu le lien avec l’adhérent, les pouvoirs publics ont pu chercher à sécuriser celui-ci face aux structures qui leur échappent.

Pour autant, si nos mutuelles de proximité sont en phase avec les attentes du plus grand nombre, elles ont du mal à le faire comprendre, y compris auprès des adhérents. Car les regroupements à foison, et l’encadrement réglementaire de nos garanties, ont contribué à la perte de sens du mot mutualisme, à la banalisation de nos activités. Il nous faut donc faire œuvre de pédagogie pour combattre la défiance qui se généralise et dont nous sommes des victimes collatérales. Plus encore que par le passé, nous nous y attacherons tout au long d’une année 2019 qui nécessitera la mobilisation de tous.

19 janvier 2019