Les Français, moins équipés mais demandeurs d’engagements mutualistes
Alors que la France est traversée par des mouvements de revendications aussi informels que profonds, les résultats du Baromètre annuel de la Fnim confirment un certain nombre d’inquiétudes, tant sur la situation de nos concitoyens que sur l’évolution de notre société.
1 - Renoncer à sa complémentaire santé, une tendance qui s’aggrave...
Jamais, depuis 5 ans, le taux de Français indiquant ne pas avoir de complémentaire santé n’a été aussi élevé. Ainsi, 10% de la population serait dans cette situation.
Ce chiffre nous éloigne des niveaux généralement admis, notamment par les pouvoirs publics (94 à 96% de taux d’équipement), et aggrave les difficultés d’accès aux soins pour des raisons financières.
... aux graves conséquences...
Ce n’est donc pas la mise en place du 100% Santé, qui repose pour trois postes essentiels (dentaire, optique, audition) sur l’intervention des complémentaires qui va améliorer la situation du public le plus fragile.
... notamment pour les plus jeunes et les plus fragiles
Et dans celui-ci, on relève que le taux d’équipement des jeunes générations dégringole, ce qui est certainement l’expression à la fois des difficultés économiques rencontrées et de la défiance envers la protection sociale collective. Ainsi, ce niveau passe de 85% à 69% chez les étudiants, à rapprocher à la baisse de 75% à 66% chez les 18-24 ans.
Tout aussi inquiétante est l’évolution dans les ménages aux revenus modestes : le recours à une complémentaire santé passe de 84% à 80% en un an.
2 - Malgré les attaques, la confiance demeure
Les Français satisfaits...
Jamais non plus les attaques ont été aussi virulentes sur les complémentaires santé. Certaines interventions laisseraient même penser que celles-ci sont à la source de nombreuses difficultés.
Les effets des amalgames sont réels. On peut prendre pour exemple une simple visite chez un opticien, qui ne manque pas de vous indiquer que, désormais, les « mutuelles » ont baissé leurs prises en charges et que les remboursements sont limités à un équipement tous les deux ans. En oubliant que les complémentaires santé ne font qu’appliquer les exigences des pouvoirs publics à travers le contrat responsable.
Pourtant, le niveau de satisfaction des Français équipés reste parfaitement stable, à 92%.
... d’une complémentaire jugée indispensable
93% des Français équipés en complémentaire santé estiment qu’il est nécessaire d’avoir une complémentaire santé. Seuls 7% qu’ils pourraient s’en passer.
Ces dernières semaines, de nombreux articles de presse généraliste ont pourtant cherché à laisser penser que beaucoup peut être gagné en se passant d’une complémentaire.
... pour un prix finalement largement accepté
Si 39% des personnes ayant une complémentaire santé estiment son coût excessif, près de 6 Français sur 10 considèrent le niveau de cotisations comme justifié.
La demande de protection existe. En témoigne, par exemple, les choix réalisés par les bénéficiaires de l’ACS (aide à l’acquisition de la complémentaire santé) qui se porte très majoritairement sur les contrats les plus chers et les plus couvrants, malgré les difficultés financières.
3 - L’engagement mutualiste a tout son sens
Parce que la mutualité est un acteur historique, créateur de protection complémentaire, il est logique qu’elle soit la plus attaquée. Avec des critiques diverses et loin des réalités de terrain.
Après avoir entendu les différences existant entre les familles d’opérateurs, les Français vont spontanément vers le mutualisme, qui ne se limite pas à une prestation d’assurance. Confirmation de cette tendance : La moitié des Français (53%) préfère prendre une complémentaire santé auprès d’une mutuelle.
- Ainsi, plus de 9 Français sur 10 équipés d’une complémentaire santé attendent des mutuelles qu’elles s’engagent et contribuent à une société meilleure et au bien commun. ils sont presque 2/3 à leur reconnaître cet engagement.
- 3 assurés sur 4 estiment que les mutuelles font tout pour favoriser l’accès au soin des adhérents
- L’engagement est un levier à la fidélité pour 6 assurés sur 10 (60%) et ils sont jusqu’à 26%, un quart, à accepter de payer plus cher pour une mutuelle qui s’engage (jusqu’à 42% pour les plus jeunes).
Et les mutuelles doivent répondre aux attentes
Des critiques sont émises, elles sont instructives. Pour presque la moitié des Français consultés (48%), les mutuelles santé en général œuvrent avant tout pour elles-mêmes et leurs dirigeants. Un tiers seulement considère qu’elles œuvrent pour l’intérêt général de leurs adhérents, et 6 assurés sur 10 (60%) se voient comme client et non comme adhérent ou sociétaire.
Avec l’encadrement réglementaire de nos activités et, surtout, les mouvements de concentration largement favorisés par la puissance publique, les mutuelles subissent la banalisation de leurs interventions.
Si l’on peut penser que les Français arrivent à distinguer les « vraies » mutuelles des autres complémentaires, sont-ils réellement conscients de l’organisation originale de la mutualité, qui place l’adhérent au centre des actions ? Le doute n’est plus de mise... Avec la construction de mégas structures qui s’éloignent de l’adhérent, est détruit ce qui fait le sel du mouvement mutualiste, la proximité et l’engagement possible de chacun dans la conduite des évolutions.
Le mouvement des « gilets jaunes » a clairement exprimé ce besoin de reprendre le contrôle. Les mutuelles de proximité, que certains esprits considèrent à la fois comme archaïques et moribondes ont donc tout leur rôle à jouer dans la réponse à ces attentes.
Interviews réalisées en ligne par Epsy entre le 23 et le 29 octobre 2018 auprès d’un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population française âgée de plus de 18 ans.
(la représentativité de l’échantillon porte sur le sexe, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, la situation familiale, la taille du foyer, le revenu du foyer et la localisation géographique)