La concurrence par les frais de gestion, une idée d’une époque révolue

Avec l’arrêté du 6 mai 2020 qui définit de nouvelles obligations d’information financière de nos publics, c’est un nouveau témoignage du peu de cas que font les pouvoirs publics de la notion de libre prestation de services. Jour après jour, les organismes complémentaires santé sont considérés comme des appendices des régimes légaux, alors qu’ils viennent pallier les insuffisances de ces derniers.

Après la définition de la composition des contrats dits « responsables » et le 100% santé, qui brident toute initiative de la part de nos organismes, voilà qu’au nom de la transparence, deux nouveaux indicateurs sont imposés pour notre communication vers nos adhérents et nos prospects.

Viendrait-il à l’idée d’un responsable politique de demander à un fabricant de meubles, un épicier ou une société de prestations de services de communiquer sa marge brute et la composition de ses charges de gestion ?

D’autant que dans nos organismes, l’adhérent a toutes ces informations, qu’il valide chaque année en assemblée générale, après avoir compris ce qui les justifie.

Il semble bien que les desseins des pouvoirs publics soient de faire disparaître purement et simplement ce modèle vertueux qu’est la mutualité.

Si demain la comparaison des offres se fait sur les critères des charges de gestion, cela revient à faire disparaître toute dimension du service rendu, à réduire l’organisme complémentaire à un rôle de gestionnaire de prestations santé décidées par l’État. Cela revient à nous contraindre à une organisation strictement digitale, sans aucun lien humain de proximité avec nos publics. Car ce qui fonde le mutualisme nécessite des moyens. Faire baisser les ratios de gestion passe nécessairement par la baisse de ces moyens.

Enfin, cette mesure prend la société française à contre-pied. «  La période de confinement que nous venons de vivre a montré, après le moment des gilets jaunes, le besoin de proximité et de solidarité humaine. Et la réponse qui vient d’être apportée est aux antipodes de la demande des Français qui veulent de la qualité et pas du rationnement  » précise Philippe Mixe, président de la Fnim.