L’ANI Santé rate ses objectifs

La très sérieuse Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques vient de dévoiler une évaluation, sur les deux premières années d’application, de l’ANI santé et de la loi de généralisation des complémentaires santé en entreprise.

Sa propre présentation évoque « une hausse modérée de la couverture de la population ». La vérité serait de dire « très modérée ». Rappelons que les initiateurs de la mesure la justifiaient parce que « seulement » 95% de la population était couverte. L’objectif affiché était de combler ce trou de 5%.

Manifestement, cet objectif, comme nous l’annoncions, n’est pas atteint, puisque la part de population couverte, selon cette évaluation, est passée à 96%.

Et toujours comme nous l’annoncions à l’époque, les effets ne se sont fait sentir que pour les salariés du privé qui sont majoritairement passés d’une couverture individuelle à une couverture d’entreprise. Seule, une partie des nouveaux chômeurs a pu bénéficier de la portabilité des droits.

La réforme a donc laissé de côté les retraités, les agents publics, les travailleurs indépendants, les étudiants… On est bien loin de la généralisation annoncée.

Tout juste peut-on mettre à son crédit l’obligation de l’employeur de cofinancer la protection sociale de ses salariés. Mais là encore, l’impact réel est finalement modeste.

« Tout cela pour ça, serais-je tenté de dire », commente Philippe Mixe, président de la Fnim. « Encore une réforme dont nous aurions pu faire l’économie, tant elle a fait supporter à nos mutuelles des nouvelles charges liées aux incertitudes et à la nécessité d’anticiper un mouvement que l’on nous présentait comme un tsunami… »