Niveaux de prises en charge : derrière la remarquable dialectique ministérielle

A l’occasion de la présentation des comptes de la santé, Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales et de la Santé, s’est félicitée une nouvelle fois d’une nouvelle diminution du reste à charge supporté par les Français pour leurs dépenses de santé et d’une augmentation du taux de prise en charge par la Sécurité sociale, accompagnée par le mouvement inverse pour les complémentaires santé.

Si l’on ne peut que se satisfaire de la première affirmation, la seconde relève d’un jeu dialectique dont le gouvernement est habitué. En effet, la progression de la prise en charge par la Sécurité sociale ne concerne qu’une part de la population et les taux globaux affichés ne correspondent absolument pas à la réalité quotidienne vécue par une majorité de Français.

« La hausse de ce taux de prise en charge (+0,2 point par rapport à 2014) est à rapprocher du dynamisme des postes de dépenses les mieux remboursés par la Sécurité sociale et de la progression du nombre d’assurés exonérés du ticket modérateur » peut-on lire dans le rapport de la Drees(1). Derrière cette phrase, une réalité : la Sécurité sociale perd de son caractère universel pour concentrer son intervention sur des populations et des postes particuliers. Le débat, ouvert voici plusieurs années sur le recentrage des missions du régime de base, trouve là une réponse technique en absence de réflexion et de réponse politique.

Pour l’ensemble de la population, la prise en charge des frais de santé est très inférieure au taux global qui permet à la Ministre d’enrichir son bilan. Il y a déjà un an, la Cour des comptes considérait que derrière le chiffre global, la prise en charge réelle n’était que de 61,3% pour les personnes hors affection de longue durée et de 51% pour les soins de ville.

L’assurance maladie nous rappelle dans ses statistiques que moins d’une personne sur six est exonérée du ticket modérateur. En d’autres termes, 83% de la population a une prise en charge réelle par la Sécurité sociale plus proche de 60% que des 76,8% affichés en début de semaine.

« La Fnim ne peut partager la satisfaction ministérielle qui n’est qu’un jeu subtil sur les chiffres et qui laisse penser que le rôle des complémentaires santé diminue. C’est d’autant plus inacceptable que dans le même temps, le gouvernement fait peser des charges nouvelles sur les mutuelles. Une telle attitude pourrait nous faire jouer le rôle de bouc émissaire du système de santé, aux yeux d’un grand public connaissant des pressions économiques fortes. La vérité des chiffres doit être faite » indique Philippe Mixe, président de la Fnim.

(1) Etudes et Résultats n°971, p1