Philippe MIXE

Du progrès sur la méthode, à confirmer...

Avec l’automne, le gouvernement est passé de la phase des déclarations d’intention pour entrer dans des dossiers plus concrets et plus structurants.

Nous pouvons donc en attendre des réponses aux attentes des Français en matière de santé, et des organismes qui les protègent, dont les mutuelles de proximité que la Fnim représente.
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a levé deux incertitudes majeures, tout au moins sur les principes d’action. La première concerne le tiers-payant qui devait être généralisé de façon obligatoire le 1er décembre.

La Fnim s’est exprimée à plusieurs reprises sur le caractère ubuesque de ce dossier. La mesure était, disait-on, justifiée par le besoin d’améliorer l’accès aux soins, et pour répondre aux situations de renonciation aux soins pour des raisons économiques. C’était chose faite pour les bénéficiaires de la CMU-C et pour ceux de l’ACS. C’est devenu la règle pour les personnes placées en affections de longue durée. Dès lors, était-il nécessaire d’aller plus loin dans l’obligation ? Nous ne le pensions pas et ce pour plusieurs raisons. La première tient au principe de la multiplication des obligations de toutes natures, qui viennent régir nos existences et qui font obstacle à notre liberté. La seconde est la complexité pratique d’une telle mesure. À l’époque, nous évoquions une « usine à gaz ». Sans reprendre le terme, l’Inspection générale des affaires sociales est allée dans notre sens, ce qui a conduit la ministre à décider de lever l’obligation.

Nous demandions du pragmatisme et de la raison, ce sont ces deux mêmes principes qu’adopte Agnès Buzyn dans sa vision du dossier.

Généralisation là où le tiers-payant apporte une véritable valeur ajoutée aux publics fragiles. Incitation, pédagogie et libre détermination pour les autres. Cela nous va bien.
Autre dossier d’importance pour lequel le pragmatisme est fort heureusement annoncé, celui des restes à charge. L’objectif est partagé par tous les acteurs de la protection sociale. Mais l’atteindre est extrêmement complexe tant les différences d’intérêt des multiples acteurs sont grandes, et la contribution du régime obligatoire au financement des prestations optiques, audioprothétiques et dentaires est faible.

La ministre lance la concertation et nous comptons bien apporter notre pierre à l’édifice. Nos mutuelles de proximité sont au plus près des attentes de nos adhérents et veulent légitimement que leurs messages soient passés.

C’est d’autant plus important que nombre de mutuelles ont du mal à se retrouver dans l’évolution de la FNMF. Et c’est encore plus vrai depuis le 13 septembre, jour de création d’un mastodonte mutualiste dont on retrouve le président à la tête de la fédération. Le mastodonte affiche son ambition de jouer un rôle politique dans le système de santé. Et pose de ce fait la question du rôle de sa fédération.

À la Fnim, les positions sont claires, et le resteront. Il existe, plus qu’hier, deux représentations possibles : celle des mega groupes, et celle des mutuelles indépendantes. C’est notre vocation et notre raison d’être.

8 novembre 2017