Philippe MIXE

Construire l’avenir des rescapés du 13 septembre

La date du 13 septembre 2017 marquera l’histoire du monde mutualiste comme celle de la création opérationnelle d’un géant réunissant deux groupes que tout opposait hier, l’interprofessionnel Harmonie avec le professionnel public MGEN.
Ne nous y trompons pas, si cette date marque l’histoire, c’est que cette création est de nature à bousculer tous les équilibres, toutes les organisations. Ce n’est d’ailleurs pas l’union de deux groupes qui est particulièrement en cause mais la manière dont cela a été conduit et, surtout, ses incidences sur l’organisation du mouvement mutualiste.
La FNMF ayant fort opportunément modifié ses statuts, son président peut désormais demeurer à la tête d’une structure opérationnelle. Qu’en est-il aujourd’hui ? Voilà un responsable qui parle désormais tour à tour comme président de la fédération historique de la mutualité, et comme celui du plus grand groupe mutualiste, qui réunit quelque 10 millions de personnes.

Malgré ses efforts, il sera de plus en plus difficile de distinguer entre la parole de l’un ou la parole de l’autre.

D’autant que, dès l’inauguration de ce groupe, les ambitions étaient posées. Celui-ci veut dépasser ses missions traditionnelles en revendiquant son intervention dans les évolutions du système de santé. Un rôle qui, pensions-nous, était naturellement dévolu aux fédérations qui n’ont pour seules raisons d’être que de représenter et d’accompagner l’ensemble des mutuelles.

Au fil des mois, le sentiment de confusion des genres se renforce. Pas une semaine sans qu’un nouvel exemple puisse être donné. Sur le terrain - le vrai - du mutualisme, les questions fusent, teintées de désarroi, d’inquiétude et, parfois, de résignation face à ce qui apparaît pour beaucoup comme inéluctable. Mais pas pour nous.

Le tissu mutualiste, riche de sa diversité, ne serait-il pas en passe de se faire laminer par un véritable rouleau compresseur ? L’accepter serait une erreur.

Dans ce contexte, comment situer la Fnim ? Serions-nous devenus une sorte de petit village mutualiste peuplé d’irréductibles ? J’aime l’analogie car, si on se souvient bien, un certain petit village gaulois cher à la culture populaire n’a de cesse de faire face à l’adversité voire à l’oppression, de conduire avec succès les aventures les plus folles sans jamais oublier que chacun de ses habitants est unique.

Tout comme Astérix et ses concitoyens, nous ne vivons pas en autarcie. Nous évoluons avec la société qui nous entoure. Mais nous refusons d’abandonner notre libre arbitre. Serions-nous utopistes de penser qu’il y a d’autres voies possibles que celles des regroupements à marche forcée ? Est-ce illusion d’être convaincu du bien-fondé d’un modèle mutualiste de proximité à l’heure où la nouvelle économie fait émerger de tous côtés la volonté de créer de nouvelles communautés ? Pour nous, les réponses sont dans les questions.

29 décembre 2017