Article 21 : une pitoyable pirouette politique

Face à la mobilisation mutualiste, le gouvernement a finalement revu sa copie sur l’article 21 du PLFSS, qui devait mettre en place une aide à la complémentaire santé des personnes âgées. Doit-on s’en satisfaire ? En aucun cas. En effet, la nouvelle version du dispositif n’est qu’une nouvelle pirouette politique et n’enlève rien aux dangers que la Fnim avait immédiatement dénoncés, suivie en cela par la quasi-totalité des acteurs de la complémentaire santé.

Pour Philippe Mixe, président de la Fnim, « la situation est moins pire qu’à l’origine, mais elle reste pire  ». En effet, le texte sacralise le principe de segmentation par l’âge de l’assurance santé ce qui revient à mettre à bas le principe de la mutualisation du risque tout au long de l’existence.

Et même si l’amendement gouvernemental évoque intelligemment l’avis de l’Autorité de la concurrence et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution pour qualifier la grille d’analyse des contrats candidats au label, il n’en reste pas moins que le seul axe retenu est celui du prix.

Il y a une grande perfidie à faire penser que les mutuelles sont responsables de l’augmentation des coûts des complémentaires santé pour tous les citoyens, et plus particulièrement pour les personnes âgées, alors qu’une des principales causes se trouve dans l’inflation de taxes et charges de toutes natures que ces contrats supportent. Est-il normal, est-il acceptable, est-il soutenable que la complémentaire santé, que d’aucuns considèrent comme un service de première nécessité, soit finalement taxée comme un produit de luxe ?

Sur les effets du dispositif, nous considérons contrairement à d’autres, qu’il va immanquablement conduire à déstabiliser et à dégrader la couverture actuelle de cette population d’assurés. Il n’est pas utile d’avoir des compétences d’actuaire pour comprendre qu’avec une assiette de mutualisation restreinte, le coût du risque augmentera mécaniquement. Bien entendu, nous assisterons dans un premier temps à un effet d’affichage commercial, même si le gouvernement s’en défend. Mais à court terme les victimes de ce dispositif seront les retraités qui devront immanquablement faire face à cette augmentation.

« Nous ne pouvons en aucun cas nous satisfaire d’une telle évolution au seul motif qu’elle minimise les effets sur les organismes complémentaires. En cédant à cette tentation facile, nous y perdrions notre âme et notre légitimité car la seule légitimité du mouvement mutualiste est de défendre l’adhérent  » précise Philippe Mixe.